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Vue depuis ma fenêtre

A l’heure où notre monde brûle, l’être humain n’est plus qu’un vaste souvenir. Des forêts entières sont dévastées aujourd’hui, comme si ce qui avait existé durant des millénaires disparaissait à tout jamais, réduit en fumée. Tels des spectres lumineux, mes dessins contribuent à l’archivage de végétaux désormais en voie de disparition.

Ces plantes, sources de vies, sont morcelées par l’espace urbain dans lequel j’évolue. En pot, sous le goudron, contraintes, ces jungles luxuriantes ont disparu remplacées par nos paysages bétonnés. Mes dessins s’inspirent d’images de plantes issues du WEB. Cette culture de l’image figée, saturée de couleurs, théâtralisée et surnaturelle magnifie notre monde qui ne va plus. Les feux de projections de l’appareil photographique mécanisent alors notre vision du monde en utopie mise en place par des filtres, logiciels de retouches... Un art totalement délégué à la technique.

Cette série de trois dessins se regardent ensemble, apposés comme une pellicule photographique à la manière d’un scroll dans l’espace. A l’instar d’un mur Instagram ces dessins se répètent inlassablement bien que tous différents : des images en séries, plus qu’une série d’images. Ils créent dans l’univers urbain que nous habitons une flore libre et foisonnante, qui agit comme une fenêtre échappatoire à un monde trop rigide. Une lumière blanche, aveuglante, jaillit de toute part. Bien que l’être humain soit absent de cette représentation, il incarne cette lumière artificielle. C’est par l’œil automatique qu’il dénaturalise ces plantes et les arrachent à leur milieu pour tendre vers un paysage de l’étrange. Quels mystères peuvent bien dissimuler ces feuilles ?

Au cœur de ce foisonnement, se détache la texture des végétaux, travaillé méticuleusement au stylo à bille. Le retour au dessin et non à l’utilisation intensive du mode automatique défini par l’appareil photographique, tente de révéler nos impressions cognitives. En effet, le spectateur est invité à se perdre dans les détails et les textures des feuillages. L’idée, ici, est de soustraire du sens à la photographie par le dessin, de se dégager de la question d’un cadrage idéal, d’une belle image, pour qu’à force d’en saisir le motif et la texture, il devienne de plus en plus abstrait.

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Vue depuis ma fenêtre 1/3, 2/3 et 3/3, 14 stylos à billes sur papier 300g, 

76 x 56 cm, 

Février 2020, Paris

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